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Cité Modèle

60 ans

En 2018, nous avons célébré les 60 ans de l’Exposition Universelle de 58 et son Atomium, évènement pour lequel la Cité Modèle devait être originellement construite. Des décennies sont passées mais son slogan est toujours d’actualité: ‘Bilan pour un monde plus humain’.

Genèse

La Cité Modèle ou l’utopie de la ville idéale

L’idée de la construction de la Cité Modèle date de 1956. À l’occasion de l’exposition universelle prévue pour 1958, Fernand Brunfaut, architecte, député socialiste et président du Foyer Laekenois, souhaite ériger un quartier résidentiel à l’image des idéaux de l’époque qui croisent évolutions techniques et progrès sociaux.

Pénurie de logements

Au lendemain de la guerre, l’expansion démographique entraîne une pénurie de logements dans la capitale, aggravée par la démolition de quartiers considérés comme insalubres au coeur de la ville (c’est le célèbre combat des habitants des Marolles). On s’emploie alors à loger en agglomération les personnes aux revenus modestes. Deux philosophies s’opposent sur les solutions à apporter au manque de logements: les sociaux-chrétiens, avec la loi De Taeye (1948), soutiennent un système de primes à l’achat d’une petite parcelle qui permet aux personnes à revenus modestes d’accéder à la propriété sous forme d’habitations unifamiliales.

Les socialistes, de leur côté, défendent la construction de vastes ensembles de logements sociaux bien planifiés, car ils considèrent que l’initiative privée est source d’anarchie dans le domaine de l’urbanisme et du logement. Le député Brunfaut, président du Foyer Laekenois, est le fer de lance de ce combat. Il donne son nom à une loi votée en 1949 qui prévoit le financement de sociétés de constructions de logements sociaux.

Cité Moderniste

Le Foyer Laekenois désigne, en 1956, six architectes belges modernistes de grande renommée pour réaliser un projet de plus de 1000 logements sur un terrain de 17 hectares.

Deux sont Flamands, Braem et Coolens, deux sont Wallons (Panis et le groupe l’Équerre) et deux Bruxellois (Van Doosselaer et le groupe Structures). Trois étaient de gauche, trois étaient de droite. Une équipe d’une rigoureuse belgitude.

Le collège d’architectes conçoit ce nouveau quartier comme un « monument du logement ». Ils souhaitent que la Cité Modèle soit une démonstration grandeur nature de la ville du futur, théorisée par l’utopie égalitaire de l’architecture moderniste de Le Corbusier: un logement universel pour un nouvel homme universel.

Parmi les six architectes choisis par le Foyer Laekenois, Renaat Braem demeure le plus connu. Il profite de la lourdeur d’une structure à six têtes, pour imposer au projet ses lignes de force : La Cité Modèle se dessinera selon un plan orthogonal strict « afin de créer de l’ordre contre le chaos » qui, selon l’architecte, « se propage à la périphérie ».

En termes d’esthétique, l’ambition est de créer une composition organique et cohérente qui joue sur la tension entre les différentes typologies de bâtiments: trois hautes tours verticales délimitent une place centrale, trois tours périphériques moins hautes localisent les trois sommets du parc et la ligne de bâtiments horizontaux qui longe l’avenue des Citronniers marque la frontière entre la Cité Modèle et l’urbanisme laekenois hérité du 19e siècle.

Un projet de quartier urbain et autonome

La Cité Modèle est conçue au départ comme un morceau de ville indépendant qui peut offrir aux habitants tous les avantages d’une ville réelle, mais dans un cadre de vie sain et proche de la nature. L’objectif est de doter les habitants d’équipements adaptés, donnant à chacun l’impression de se trouver dans une cité parc.

La Cité devait disposer de tous les services dont les habitants ont besoin: école, commerces, centre de santé, centres culturel et sportif, bibliothèque, église, etc.

De ces équipements, seuls le centre culturel, la bibliothèque, la station essence, les bureaux du Foyer Laekenois et le supermarché ont été réalisés. Construit sur une période de 18 ans, le projet de la Cité Modèle a évolué en cours d’exécution : le projet de bâtir une ligne de maisons unifamiliales en zigzag le long de la Chaussée romaine a été remplacé par quatre blocs d’immeubles de huit étages qui n’ont plus aucun rapport avec l’architecture originale du site. Pour des raisons budgétaires, la liste des infrastructures fut réduite à une part congrue : le centre de sport, l’église, l’école, le restaurant, le centre de santé ne verront jamais le jour.

Article tiré du numéro hors-série du Tok-Tok, trimestriel du Foyer Laekenois : « La Cité Modèle d’hier, d’aujourd’hui et de demain » (p.4-5)